Jugement dernier (Mt 25) et jugement de droit (1 Co 6). Une éthique de l’imagination juridique chez Calvin et Ricoeur

« Si les courages sont entachés de malveillance, corrompus d’envie, enflammés d’indignation, stimulés de vengeance, ou, comment que ce soit, tellement piqués que la charité en soit diminuée : toutes les procédures des plus justes causes du monde ne peuvent être que iniques et méchantes (…) Nul ne peut mener procès, quelque bonne et équitable cause qu’il ait, s’il ne porte à son adversaire une même affection de bienveillance que si l’affaire, qui est débattue entre eux, était déjà amiablement traitée et apaisée« .

Calvin, Institution de la religion chrétienne, Chap.16, Paris Les Belles Lettres 1961 tome 4 p.222.

L’interprétation éthique des textes

Dans ses Commentaires sur le Nouveau Testament, Calvin propose une interprétation éthique des Ecritures, qui place le lecteur en face du texte comme sujet responsable de son interprétation. Non pas d’une interprétation savante, littéraire, historique ou théologique, mais d’une interprétation pratique : qu’est–ce que ce propos voulait dire dans son contexte, et qu’est–ce que je fais de ce texte dans ma vie? C’est Gilbert Vincent[1] qui a montré ce caractère pragmatique de la lecture biblique par Calvin.

Prenons un exemple de jugement : dans son commentaire de l’évangile de Jean 8, sur la femme adultère[2], Calvin critique l’interprétation allégorisante d’Augustin, selon laquelle Jésus n’écrirait pas sur des tables de pierre mais en l’homme qui n’est que poussière. Et il replace le geste dans le contexte : les interlocuteurs sont laissés à eux–mêmes, à leur perplexité, comme si Jésus leur tournait le dos, indifférent à leurs jugements, dédaigneux presque, négligeant leurs pièges. C’est ainsi qu’il retourne la situation, et les oblige à changer de conduite.

Le thème du jugement est éminemment éthique. Une lecture tranquillement éthique de quelques textes où il est question de jugement n’est donc pas illégitime. Allons plus loin : le manque d’articulation entre les disciplines de l’interprétation biblique et l’engagement éthique du témoignage menace les unes et l’autre, et c’est peut–être le point de notre plus grande faiblesse. Ainsi une lecture d’appropriation éthique ne doit pas jeter par dessus bord tout réflexe de mise à distance critique: mais c’est une critique spécifique.

Comme on le voit avec Calvin, l’attention éthique au texte est en même temps une attention vigilante, brisant sans cesse l’essor d’une imagination trop humaine, trop prompte à faire le lit de nos justifications[3], et une attention flottante portée à la configuration d’ensemble du texte, prête à se laisser distraire par ce qu’il montre, à anticiper le monde qu’il propose[4].

C’est ce rythme de suspension et d’ouverture de l’imagination que nous voulons retrouver à propos du jugement. On s’étonnera ici probablement, car le jugement a davantage affaire à la Loi qu’à l’imagination, et dans la tradition de la Réforme luthérienne, la Loi est surtout une remémoration de l’impuissance humaine à se justifier. Même l’usage juridique de la Loi est marqué par cette dimension de mémoire du « juste », de jurisprudence. Soit dit en passant, c’est peut–être un des motifs du malentendu sur la question des deux ou trois usages de la Loi: doit–on accepter avec Calvin qu’il y a un usage proprement éthique de la Loi, que la Loi peut s’interpréter dans l’existence pratique? Pour Calvin en effet la Loi est plutôt imagination, en ce sens qu’il s’agit de montrer la responsabilité du sujet dans sa manière d’interpréter, c’est à dire d’imaginer, une Loi dont il n’y a pas d' »image » adéquate et complète. Peut–être parce qu’elle est trop universelle, ou trop singulière[5].

Le jugement suspendu

L’étude proposée ici sinue entre trois réseaux textuels : le texte biblique, le commentaire de Calvin, les travaux de Ricoeur. Je serai injuste avec chacun d’eux, ne relevant que ce qui sert le fil direct de mon propos. Commençons par le texte de Matthieu 25,31sq.: « quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire (…) il siègera sur son trône de gloire (…) il séparera les hommes les uns des autres (…) il dira à ceux qui sont sur sa droite : Venez (…) car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger » etc.

Dans son commentaire de ce passage sur le Jugement dernier, Calvin écrit que ce discours a été donné « afin que les disciples ostans cette fausse imagination d’une félicité présente et soudaine, tinssent leur esprit en suspens jusqu’au second advènement de Christ ; et que cependant ils ne perdissent pas courage pour l’absence d’iceluy »[6], même si dans son premier avènement la gloire divine « en Christ était cachée et ne se montrait »(ibid.). Or les disciples attendant du Messie qu’il rassemble la Nation d’Israël, Jésus parle de rassembler toutes les nations, « afin que les disciples apprennent d’espérer une autre félicité qu’ils n’avaient imaginé en leurs esprits »(ibid.).

Oter cette « fausse imagination » d’une félicité présente et soudaine, « espérer une autre félicité qu’ils n’avaient imaginé »: de même que le Jugement dernier est pour nous la suspension du jugement là où il ne nous appartient pas, la représentation du Jugement dernier suspend notre imagination. Cette suspension, cette coupure est nécessaire pour briser ce que nos jugements et nos imaginations développent de souci extrême de nous–mêmes, de nos biens, de notre bien–être, de notre salut même. Elle brise l’imagination comme « auto–affection ».

Et par là elle laisse apparaître une autre scène, si peu visible que notre imagination suffit à la cacher. Cette scène où les moindres de ces « frères », ceux qui « semblent » les plus négligeables, doivent avoir été traités comme les membres du Christ, son corps même, lui–même (ibid. p.505). Par cette parole, dont Calvin dit qu’elle procède par « synecdoque » (ibid.p.503), une autre imagination nous est donnée, « comme si la chose se faisait sous nos yeux » (ibid.p.503). Nous y reviendrons dans le dernier moment de cette étude.

L’absence du Jugement dernier, le fait qu’il n’est pas « là », ouvre donc en nous une attente plus puissante que nos anticipations, que nos fausses imaginations, que nos représentations de bonheurs. On rejoint ainsi sur le mode eschatologique ce que Ricoeur note souvent à propos du « fondement » ou de la « fondation » du droit : son caractère irréductiblement oublié. C’est cet oubli que les diverses fictions d’origine du droit, dans les grands mythes et les grands récits d’origine, mais aussi dans la tradition philosophique chez des auteurs comme Platon, Rousseau, ou Rawls, cherchent à nommer[7]. C’est aussi cet oubli que les diverses fictions d’un jugement de dernière instance (dans les mythes ou les philosophies de la fin de l’histoire comme Hegel, Marx, etc.) cherchent à combler dans un jugement enfin possible.

Mais cet oubli même est constitutif du recours au droit en absence d’une « révélation » originaire ou d’un « jugement » dernier : cela signifie que la recherche du juste se structure dans l’attente et non dans la présence de la justice[8], et qu' »en attendant le jugement dernier » il faut bien que nous inventions les règles provisoires, fragiles, discutables, qui sont nos manières de juger, d’imaginer et d’interpréter le juste.

Voici déjà un rapprochement possible avec ce que Calvin écrit dans L’Institution et que j’ai placé en exergue de cette étude : nous sommes dans nos jugements comme oublieux, non d’une Loi mémoriale ni d’une jurisprudence à retrouver, mais oublieux d’un a– venir, d’un monde autre et qui vient et que nous ne savons pas, et que nous traitons néanmoins comme s’il était là.

Comment juger ?

La question est d’autant plus aiguë qu’elle croise la question inverse : comment ne pas juger? Si nous pouvions nous abstenir de tout jugement, tout serait si heureux ! Malheureusement nous sommes obligés de juger (comme nous sommes jugés)[9], d’être jugés (selon nos manières de juger), et de trouver les règles de nos jugements mutuels. L’occasion scripturale de la petite réflexion de Calvin dans L’Institution me semble pouvoir être trouvée dans la première épître aux Corinthiens 6,1 sq., à propos de l’extrême ardeur des Corinthiens à plaider devant les tribunaux païens.

Dans le commentaire qu’il propose de ce passage[10], Calvin commence par distinguer les jugements de droit public, qui « sont hors de notre puissance », et les affaires particulières qui peuvent être traitées « entre nous » (ibid.p.284). Autrement dit, il propose de ne pas transformer en procès juridique, en conflit de droits publics, les litiges qui peuvent trouver un règlement éthique : on peut suivre une règle par « fair–play », même si cette règle n’est pas juridiquement ni physiquement contraignante. On doit aussi pouvoir changer de règle, lorsque celle qui est établie ne permet pas d’exprimer un « tort » ni de réparer une offense.

Pourquoi « plaider » est–il un vice ? Pour Calvin, Paul n’interdit pas aux Chrétiens de poursuivre le droit ni même leurs droits, modestement et sans blesser la charité (ibid.285–286). Mais peut–on plaider et défendre son droit sans impatience, sans opiniâtreté, en restant équitable avec son adversaire, plus : en supportant et en pardonnant les torts subis ? Tout le problème (et toute la stratégie de Calvin) est là. Il faudrait pouvoir disjoindre le procès, l’acte de justice, qui en soi n’a rien de mauvais (ibid.p.286), et son « bruit »: les mauvaises affections, la colère, le désir de vengeance, etc.

Dans L’Institution, Calvin écrit que les choses sont indifférentes à ceux qui en usent avec sobriété[11] : c’est lorsqu’elles deviennent objet de superstition ou de cupidité qu’il faut s’en abstenir[12]. On a ainsi une sorte de principe de sobriété, qui est une véritable ascèse de l’imagination (de la représentation des désirs, des craintes, et peut–être de toute représentation).

De manière plus générale, dans son commentaire de l’épître aux Galates (ibid.p.598–599), Calvin nomme cette « tromperie », de croire que nous sommes et valons quelque chose, alors que nous ne sommes et valons rien. Nous nous jugeons par comparaison et par différence avec les autres, alors que « toutes ces imaginations n’auront point de lieu au jugement de Dieu » (ibid.p.600), où nous serons seuls devant lui[13]. Il ne faut donc pas juger à la légère, car tout jugement portant sur autrui se rapporte indirectement au sujet qui l’énonce, et doit l’obliger à se considérer lui–même.

Si nous pouvions parfaitement juger sans comparer (mais nous ne savons même pas ce que cela veut dire), nous serions déjà dans ce paradis des singularités ou de l’universel que Jésus nommait le Royaume de Dieu !

Le jugement indifférent

Ainsi, il faudrait plaider en restant comme indifférent à sa propre cause, en comparant le moins possible, en neutralisant sa position dans le conflit, comme si l’on parlait d’un problème de géométrie (Jésus sur le sable dessinant?) ou d’une technique de tricot. Il y a quelque chose de « stoïcien » dans cette démarche de réduction par Calvin des opinions, des réputations, et des jugements à des « affections »[14].

Dans l’importance méthodologique du vocabulaire de l’indifférence, il y a surtout une annonce certaine de Descartes[15] : « la volonté étant beaucoup plus ample et plus étendue que l’entendement (…) je l’étends aussi aux choses que je n’entends pas (…) Ce qui fait que je me trompe et que je pêche (…) Et je suppose ici que je ne connais encore aucune raison qui me persuade l’un plutôt que l’autre : d’où il suit que je suis entièrement indifférent à le nier, ou à l’affirmer, ou bien même à m’abstenir d’en donner aucun jugement »[16].

Calvin pense la même chose : l’abstention serait encore une manière de se placer en position de juge possible. Or le sujet jugeant n’est jamais purement juge : il est toujours encore jugé par son jugement. Et toujours déjà jugeant, il est donc toujours déjà jugé : c’est pourquoi la manière de juger est si importante (Commentaire du Nouveau Testament, Tome 1 p.156). C’est parce que nous sommes dans l’obligation de juger qu’il ne faut pas juger ni nous abstenir à la légère, qu’il nous faut une éthique du jugement. Nous sommes « indifférents » à juger ; mais là où nous ne le sommes pas nous devons faire comme si nous l’étions, nous vider de nous– mêmes, pour laisser être en nous une autre différence.

Le résultat de cette approche du jugement, dans le Commentaire de Calvin sur les Corinthiens, est une ecclésiologie du droit très particulière. S’appuyant sur l’impératif dans le texte grec (1 Cor 6,4) il traduit : « si vous avez des plaidoyers touchant les affaires de cette vie, mettez au siège ceux qui sont en moindre estime dans l’Eglise ». Autrement dit : n’y mélez pas les infidèles, et placez n’importe qui en position d’arbitre. Les explications qu’il donne sont très simples : il ne faut pas exposer l’Evangile à la moquerie, et il ne faut pas que des positions d’autorité soient prises dans l’Eglise par des évêques–juges (ibid. p.285). Si les fidèles sont dépouillés de toute présomption, le dernier d’entre eux (n’importe qui) fera le meilleur juge.

Nous avons donc un cercle, sans hiérarchie, sans point de vue a priori plus légitime que les autres. Cette forme caractéristique des églises calvinistes suppose le sentiment que tous sont à équidistance d’un appel et d’une interrogation plus vaste que leurs réponses (le jugement dernier est absent). Sur cette base le jugement est pragmatique, il a la fragilité et l’autorité de ce qui est révocable : c’est un accord « dans » le désaccord, en absence d’un point de vue tiers qui ferait la synthèse.

On dit équidistance pour désigner l’équité nécessaire, mais pour aller jusqu’au bout de la pensée de Calvin il faudrait aussi dire équiproximité pour désigner la charité, le fait que là où les fidèles sont assemblés en son nom, Christ est là, n’importe où.

Le rôle juridique de l’imagination

Dans les moindres de nos prochains, il est là, disions–nous, « comme si la chose se faisait sous nos yeux ». Après le vocabulaire de l’indifférence, de l’ascèse, de la suspension, de la neutralisation, voici le vocabulaire de la fiction, du « comme si ». Le texte de L’Institution porte : « comme si l’affaire, qui est débattue entre eux, était déjà amiablement traitée et apaisée ».

La fiction consiste ici à partir du fait que la solution a déjà été trouvée, mais qu’on ne sait pas laquelle. Dans une sorte d' »anamnèse poétique », de remémoration créatrice, il faut reconstituer ensemble cette réponse. La démarche suppose donc l’abandon, par chacun des « débattants » ou des adversaires, de leurs questions respectives d’origine : sinon chacun restera dans un langage ou dans un monde, « réglé » par cette question, et où le tort subi par l’autre n’a pas même d’expression possible. Et tout d’eux doivent venir se placer, poétiquement, sous la question commune et nouvelle : « quelle est la solution que nous aurions trouvée »? C’est la seule question qui puisse être partagée.

Comment est–ce possible ? C’est ici que j’ai besoin de Ricoeur. Premier point, l’équité suppose une fiction minimale : c’est cette « analogie de l’expérience », par laquelle j’accepte que comme moi les autres puissent dire « je »[17] et soutenir leur droit. Les autres sont comme moi et je suis comme les autres. A la limite je ne suis rien ou n’importe qui. Dans la fiction décrite plus haut, que se passe–t–il ? L’engagement actuel des protagonistes dans leurs points de vue respectif est suspendu. Et là où le sujet n’est pas indifférent (là où il y a conflit, colère, envie, vengeance ou crainte) il doit faire comme s’il l’était. C’est cette suspension, cette neutralisation, qui permet au sujet, par variations imaginatives, de s’essayer comme « autre » que soi–même, et de jouer avec d’autres possibles pratiques[18].

Deuxième point : la pratique du jugement droit part toujours de l’écart entre deux droits dont on ne sait s’ils sont compatibles dans le même monde possible. Cet écart manifeste la non–pertinence de chacun d’eux relativement à la situation. Comme s’il n’y avait pas de langage possible pour cette situation, pas d’expression de la question qui soit acceptable pour tous et pour chacun. L’intervention du jugement droit est alors quasi–poétique : elle reconstruit une pertinence juridique, et par là fraye la voie à une nouvelle représentation de la réalité.

On peut parler de la fonction métaphorique du jugement. Ricoeur parle du « rapprochement qui soudain abolit la distance logique entre des champs sémantiques jusque là éloignés, pour engendre le choc sémantique, qui, à son tour, suscite l’étincelle de sens de la métaphore. L’imagination est l’aperception, la vue soudaine d’une nouvelle pertinence prédicative, à savoir une manière de construire la pertinence dans l’impertinence »[19]. Mais il emploie lui–même un vocabulaire très voisin quand il parle du droit : « ce sont des instances publiques qui ont autorité pour construire la nouvelle cohérence requise par les cas insolites »[20].

La Loi, comme Jugement dernier, est trop universelle pour que les humains puissent lui trouver un langage adéquat : ils ne peuvent l’atteindre, indirectement, à travers leurs langues particulières, que par le jeu de métaphores, de « commandements » d’amour impossibles, de paraboles incroyables. Et comme Jugement dernier, la Loi est trop singulière pour que les humains puissent lui trouver un langage adéquat : la métaphore est l’une des procédures de langage possibles pour réparer la perte de singularité qui résulte du jeu des catégories et des règles du langage ordinaire.

Alors le jugement n’est ni pur constat, ni simple jurisprudence. Il redécrit autrement la réalité. Comme Ricoeur l’écrit de l’imagination métaphorique, apparaît alors « un libre–jeu avec des possibilités, dans un état de non–engagement à l’égard du monde de la perception ou de l’action. C’est dans cet état de non– engagement que nous essayons des idées nouvelles, des valeurs nouvelles, des manières nouvelles d’être au monde »[21]. Il faut neutraliser ce monde pour faire apparaître un autre monde possible. Et ce faisant l’imagination juridique refait le monde d’une autre perception et d’un autre agir ; elle donne à voir ce qui n’avait jamais été vu, elle met l’invisible sous nos yeux ; elle prépare la capacité à donner à la situation une configuration nouvelle.

Olivier Abel

Publié dans Cahiers Bibliques n°31
(Foi et Vie vol.LXXXXI n°5 sept.92)

Note :

[1] Gilbert Vincent, Exigence éthique et interprétation dans l’oueuvre de Calvin, Genève Labor et Fides 1984.

[2] Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, Toulouse Société des livres religieux 1893, tome 2 p.136.

[3] « Comment la médiocrité interprète la Bible (…) elle en tire de banales remarques (…) la crucifixion de Christ devient inexplicable et ridicule, car il est ridicule d’être crucifié pour avoir fait de banales remarques » S.Kierkegaard, « L’instant » in Oeuvres Complètes Paris L’Oran–te 1982, tome 19 p.215.

[4] Cette articulation entre herméneutique et éthique est directement issue des travaux de Ricoeur ; voir par exemple « Herméneutique philosophique et herméneutique biblique », dans Du texte à l’action Paris Seuil 1986.

[5] Pour l’équilibre entre ces deux fonctions de mémoire et d’imagination, de tradition et d’utopie, dans l’éthique protestante, voir Olivier Abel, « L’éthique protestante et le droit » in Actes, Cahiers d’action juridique n_79/80, Avril 1992.

[6] Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, Toulouse Société des livres religieux 1892, Tome 1 p.501.

[7] P.Ricoeur, Soi–même comme un autre, Paris Seuil 1990 p.278, et Lectures 1, Paris Seuil 1991 p.213.

[8] Paul Ricoeur, « La liberté selon l’espérance », dans Le conflit des interprétations Paris Seuil 1969.

[9] Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, Toulouse Société des livres religieux 1892, Tome 1 p.156.

[10] Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, Toulouse Société des livres religieux 1894, tome 3 p.283 sq.

[11] C’est un commentaire explicite de Romains 14.

[12] Op.cit. chap 14, Tome 4 p.138. « La liberté chrétienne nous instruit de ne pas faire conscience devant Dieu des choses externes qui sont par soi indifférentes » (ibid.p.135).

[13] Si le contrat est la forme de droit qui correspond à un certain individualisme moderne, et si le calvinisme est réputé en avoir été l’un des vecteurs, c’est d’abord pour son nominalisme éthique: seule existe la responsabilité de chacun. On ne comprend pas le rigorisme ou le puritanisme protestants si l’on oublie que la substitution d’une éthique du contrat à une éthique de l’honneur n’a pu se faire sans une terrible discipline.

[14] N’oublions pas que le jeune Calvin a rédigé un Commentaire du De clementia de Sénèque.

[15] « Nous avons à suivre la coutume et les lois du pays où nous vivons et une certaine règle de modestie.. » (Calvin, L’institution op.cit. p.194) rappelle aussi la « morale provisoire » de Descartes.

[16] René Descartes, 4ème Méditation, Oeuvres complètes, Paris Gallimard La Pléiade 1953, p.306.

[17] P.Ricoeur, Du texte à l’action, Paris Seuil 1986, p.227 et 294.

[18] P.Ricoeur, Du texte à l’action, Paris Seuil 1986, p.224.

[19] P.Ricoeur, Du texte à l’action, Paris Seuil 1986, p.218.

[20] P.Ricoeur, Soi–même comme un autre, Paris Seuil 1990, p.323.

[21] P.Ricoeur, Du texte à l’action, Paris Seuil 1986, p.220.