Discours d’inauguration du Fonds Ricœur.

Inauguration de la Faculté de Paris rénovée et du Fonds Ricœur – 27 mai 2010
Discours d’Olivier Abel, président du conseil scientifique du Fonds Ricœur

 

Remerciements aux donateurs

 

Me voici chargé, au nom du Fonds Ricœur, d’exprimer notre commune gratitude pour le superbe écrin qui nous est ainsi offert. Le pouvoir de remercier est un pouvoir exorbitant, un pouvoir royal. Celui qui remercie prend sur lui le pouvoir de représenter. C’est en même temps un pouvoir ordinaire, et qui appartient à nous tous. Je vais tenter de l’exercer en laissant aux autres la place de l’exercer à leur tour, c’est à dire pas trop longtemps.

Comme c’est ennuyeux, le temps des remerciements La longue litanie, qui déplaît à tout le monde, à ceux qui sont nommés par ce qu’ils se découvrent petite partie d’une foule immense, à ceux qui ont été oubliés, et il y en a forcément. Je pourrais reprendre les grands genres de l’oubli défini par Ricœur, l’oubli d’usure, l’oubli de refoulement ou lapsus, l’oubli de réserve parce que l’essentiel sera encore et toujours incognito. Le temps des remerciements enfin déplaît à ceux qui écoutent, car cela les plonge dans le remords de n’avoir pas encore apporté leur contribution propre, ou tout simplement parce que cela les ennuie…

Comment faire pour que le temps de la gratitude soit lui-même un temps heureux, le temps communicatif du partage d’une joie, d’une joie mutuelle, ou pour reprendre le mot de Ricœur, de faire en sorte que l’endettement mutuel ne soit pas un poids mais une grâce, un sujet d’élévation mutuelle

Le projet du Fonds Ricœur vient de loin, car il a des racines profondes, et il ira loin, car il projette des branches amples et fécondes : le fonds documentaire, le centre universitaire de recherche en partenariat avec bien d’autres, l’espace de débat citoyen ouvert aux grandes questions de notre monde. Bref l’histoire du projet plonge ses origines dans une préhistoire, mais elle se tourne aussi vers des promesses encore non tenues.

Commençons par l’histoire des dons qui ont permis cette construction, et d’abord les soutiens publics. D’abord la Région Ile-de-France et son président, Jean-Paul Huchon, ainsi que Michel Rocard qui a été parmi les tout premiers à nous soutenir. Et puis, presque en même temps et pour un montant encore supérieur la Ville de Paris et son Maire, Bertrand Delanoë, qui nous a apporté très vite son soutien massif, avec l’intervention d’amis comme Alain Christnacht ou Laurence Engel. Enfin et grâce à l’intervention énergique d’Emmanuelle Mignon, l’Etat s’est engagé par le biais du ministère de l’enseignement supérieur et de le recherche et de celui de la culture et de la communication. Je ne nommerai pas tous ceux qui dans ces ministères ont pris le temps d’examiner les modalités possibles de ce soutien, comme Messieurs Hetzel ou Maman, mais je pense aussi aux amis de la DRAC Ile-de-France, comme Bernard Demay, de la BNF et tant d’autres.

Ensuite je me retourne vers les soutiens privés, à commencer par ceux en provenance du monde protestant. La Fondation du Protestantisme, qui a connu dès sa naissance la préhistoire ou presque de ce projet. Pierre Joxe, Jean-Arnold de Clermont, Jean-Daniel Roque, l’ont porté et soutenu sous ses formes successives. Je remercie tout particulièrement la Fondation individualisée Foi & Vie, dont la revue se trouve désormais dans nos locaux, non seulement comme un hôte mais comme un acteur à part entière de la vie intellectuelle de cette maison.
Je remercie la fondation Scaler, la fondation John Bost pour leurs dons importants. La fondation Bersier également nous a soutenu, notamment pour la réalisation d’un film-DVD sur Ricœur, réalisé par C. Reussner à partir d’un scénario préparé par F. Dosse et moi-même. Je reviens aux donateurs protestants pour la construction, et je veux nommer les Eglises réformées de l’Oratoire du Louvre dont la fondation a apporté une très importante contribution, et celles de Versailles, des Batignolles et de l’Annonciation. Et plus largement le soutien constant et confiant de nos Eglises, Eglise réformée de France, Eglise évangélique luthérienne de France.

Et puis je voudrais exprimer ma gratitude, sans les nommer, à de très nombreux donateurs individuels, protestants ou pas, et pour quelques-uns d’Amérique et d’Asie, qui se sont manifestés dès la mort de Paul, et dont certains ont redonné chaque année. Parmi les premiers chèques arrivés, je citerai seulement celui de la Communauté de Taizé, où Paul Ricœur allait depuis plusieurs années se recueillir au moment de Pâques.

Je voudrais maintenant repartir de la préhistoire de ce projet, car le don premier qui a conditionné tous ces dons est celui de Paul Ricœur lui-même, qui me l’avait annoncé il y a près de 15 ans, et qui voyant la faiblesse de moyens de la Faculté de théologie y a ajouté la majeure partie du prix Kluge qu’il venait de recevoir en 2003, constituant ainsi la Fondation individualisée Paul Ricœur, abritée par la Fondation du Protestantisme. Cette Fondation nous a aidé à rechercher des fonds, à lancer un site internet dont le premier promoteur a été Luc Perm qui a fait un excellent travail pendant ces années où le Fonds Ricœur se réduisait à un site virtuel.

Ce double don, documentaire et financier, nous devons aussi en remercier ses enfants et petits-enfants comme Nathalie Ricœur-Nicolaï, qui l’ont accompagné et continuent de l’accompagner par leur engagement.

Puisque j’élargis ainsi le cercle de la gratitude, il est temps pour moi de nommer Catherine Goldenstein, l’amie des dernières années de Paul, qui avait tenu ses correspondances, mis à jour ses dossiers, et qui a consacré la majeure partie de son temps, depuis cinq ans, à ce projet tant dans sa dimension archivistique qu’humaine, par ses nombreux liens de par le monde. Jour après jour elle a été la cheville ouvrière et le visage souriant du Fonds Ricœur, et elle a subi mes présences et mes éclipses avec amitié et fidélité.

Pour tous ceux que je viens de nommer ou que je vais nommer, personnes ou institutions, je pourrais chaque fois dire comme le cantique « tout ce que j’ai je te le dois », ou comme Ferrat chantant Aragon « que serais-je sans toi? »

Eh bien continuons. Alain Brigodiot est venu nous aider ces deux dernières années, et je l’en remercie vivement, comme je remercie personnellement un par un sans les nommer tous les membres du Comité éditorial nommé par Ricœur pour veiller à l’usage de ses publications et manuscrits, tous les membres du Conseil scientifique du Fonds Ricœur, dans sa configuration passée et actuelle, tous les membres du comité de suivi de la Fondation Paul Ricœur, qui m’ont aidé dans cette recherche de financement. Puisque j’ai nommé Luc, je voudrais aussi nommer Isabelle Ullern, qui a contribué au départ du projet notamment avec la constitution d’une série de copie des articles de Paul Ricœur année après année, et les bibliothécaires successives mais tout particulièrement la responsable Ana-Maria Islawa, et aussi Astrid Thevenaux, Fawzi Benhalima, et ceux comme Olivier Villemot et Isabelle Saez qui aujourd’hui encore continuent le catalogage des livres, et par ailleurs celui des archives. Sans
compter nos architectes, Françoise Sogno et Cyrille Brunet-Moret, qui ont su saisir l’âme de notre projet et lui donner forme.

Où arrêterai-je mes remerciements, au nom du Fonds Ricœur?! De même que j’ai voulu m’attarder très particulièrement avec Catherine Goldenstein, sans laquelle rien n’aurait pu voir le jour, en tout cas rien de comparable, je voudrais m’arrêter à François Fichet, l’administrateur de l’Institut protestant de théologie, qui a assuré jour après jour la continuité des dossiers que je lançais, confiant que d’autres derrière moi attrapaient la balle. Merci François d’avoir ainsi assuré. Je joins dans cette gratitude les secrétaires de la Faculté, et aujourd’hui Karin, et aussi Gabrielle.

Et cela me permet d’en venir au troisième gros apport, celui de l’Institut Protestant de Théologie, et de son président Denis Soubeyran, qui a su faire place à cet hôte encombrant qu’est le Fonds Ricœur, à le soutenir à la fois comme un espace qui appartient pleinement à la Faculté de Paris, et qui est un emblème aussi de sa tradition critique, et comme quelque chose qui à bien des égards déborde la Faculté vers d’autres horizons, d’autres partenaires. L’IPT a participé a fond à la recherche de financement, n’a pas compté son temps dans la phase de construction et d’aménagement, bref là plus que tout je peux dire que sans 1′ IPT rien n’aurait pu se faire. Merci à Denis Soubeyran, merci aux collègues de Montpellier (et à M. Bertrand qui avait en d’autres temps été lui aussi l’un des tous premiers à croire dans ce projet et joué un rôle fondamental au départ), merci à l’IPT d’avoir su s’ouvrir au Fonds Ricoeur.

Je finis pour terminer en me tournant vers Raphaël, mon doyen, mon ami, et chacun de mes collègues qui m’ont soutenu, protégé, qui m’ont laissé le temps de faire tout cela, qui se sont eux-mêmes investis dans le projet, chacun à sa façon, intensément. Nous avons ensemble travaillé depuis des années, cela ne s’oublie pas, et d’ailleurs, certains d’entre vous sont déjà la relève que j’attendais.

Car il sera bientôt temps pour moi de passer la main et la parole à d’autres. Mes remerciements vont aussi vers le futur, à toutes ces promesses en train de germer. Je dis d’avance merci à tous les donateurs que j’ai nommés ou omis pour le soutien qu’ils continueront à nous apporter. Je pourrai d’ailleurs maintenant amorcer une troisième série de remerciements, et nommer tous ceux que je remercie d’avance pour leurs dons futurs, privés ou publics, pour leur soutien institutionnel. Mais vous êtes trop nombreux et il est temps de me taire.

Olivier Abel
(merci de demander l’autorisation avant de reproduire cet article)