« Lettre aux étudiants de l’UPRECO »

Olivier ABEL
14 Rue Notre-Dame de Lorette
75009 PARIS

Paris, le 3 mars 2006

 

 

À mes amis étudiants de l’UPRECO

 

Chères Amies, chers Amis

Quelque temps après mon retour en France, je vous adresse ce mot pour vous redire ma gratitude de tout ce que j’ai reçu de vous, et mon admiration pour les résultats intellectuels que vous obtenez dans les conditions où vous êtes. Je voulais brièvement ici évoquer deux ou trois points très généraux après avoir lu vos travaux, dont je veux d’abord vous dire qu’ils ont confirmé le sentiment que j’avais eu de nos échanges oraux : vous avez parmi vous de remarquables talents d’intelligence, et vous avez en vous tous des trésors qui en demandent qu’à être travaillés. Tel d’entre vous a pu avoir une note médiocre qui m’avait un jour ébloui par une remarque ou une question d’une grande profondeur.

Il faut d’abord absolument que vous appreniez à mettre des guillemets « … » pour toutes les citations, ainsi que la référence du passage cité (entre parenthèse ou en note en bas de page). Sinon c’est comme si vous copiez sans le dire, cela s’appelle du plagiat. Je ne dis pas que vous le faites tous, mais cela a été trop fréquent pour être un accident. C’est en fait le symptôme de quelque chose de plus profond : il faut que vous appreniez à marquer clairement la différence quand c’est vous qui parlez (je, éventuellement nous) ou quand vous faites parler un auteur (il). Cette distinction est fondamentale car c’est elle qui montre : a) que vous avez confiance dans votre propre pensée ; b) que vous savez rapporter objectivement la pensée des autres sans la déformer.. Et ce geste est valable dès la lecture ou l’écoute.

Mon deuxième point se rapporte au type de sujet qui vous intéresse, sur lesquels vous voudriez écrire, etc. Beaucoup d’entre vous m’ont dit : « on est enclavé » ; c’est vrai et nous allons tout faire pour augmenter les formes de communication-information. Mais ce n’est pas une raison pour toujours aller chercher des sujets loin de vous. Surtout si vous entrez dans un échange mondial, vous devez apporter ce qui est proche de vous, ce que vous seuls pouvez rapporter, et non ce que tout le monde peut chercher depuis n’importe où (et qui a déjà été travaillé 100 fois). Partez de votre propre expérience, oui, ayez confiance dans votre propre pensée, dans votre expérience concrète de ce qui est à portée de votre main, de votre pas, de votre regard, et qui ne demande qu’à être dit  et pensé. Là est votre trésor.  Une vraie dissertation, c’est votre pensée qui organise elle-même l’ordre de ses questions à partir de son expérience pensée.

Mon dernier point : que cette dernière remarque ne vous détourne pas d’aller en Bibliothèque. Cette dernière est le cœur d’une Université, mais ce cœur ne bat que s’il est fréquenté. Nous allons tenter de renouer avec des abonnements importants, avec des livres issus d’un choix contemporain, tant en droit qu’en théologie. Mais vous avez déjà une bibliothèque qui dépasse celle de bien des grands auteurs du XXème siècle. En choisissant bien, vous avez déjà l’essentiel sous la main — mais cela suppose d’y passer du temps, d’essayer, de prendre des notes au fur et à mesure de vos lectures (mais pas trop pour ne pas être noyés). Et aussi de parler de vos lectures les uns aux autres, de vous faire des recommandations de lecture.

Une bonne université c’est une université dont les étudiants s’entraident et s’écoutent. Ecoutez vous les uns les autres. Aimez et respectez vos professeurs et tous les cadres de l’UPRECO, qui chacun à sa façon et tous se donnent autant qu’ils le peuvent à leur noble tâche. Aimez Dieu de toute votre pensée. Je vous laisse sur cet appel, et vous prie d’excuser ma lenteur au cas où vous attendriez de moi une réponse (cette nuit je me suis couché à 3h30 encore, mais il me reste plus de 100 messages e-mails en retard, sans parler du reste). En espérant une belle fin d’année pour chacun, je vous prie d’agréer, mes ami(e)s, l’expression de mes sentiments très fidèles,

Olivier ABEL